Mathilda May - V.O.
Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un grand fan de Mathilda May. Bien sur, j'ai vu quelques films avec elle, j'ai suivi ses mises en scène au théâtre, notamment Open Space et Plus Si Affinités, la pièce qu'elle a jouée et écrite avec Pascal Légitimus. Un jour, avec un copain qui était énorme fan d'elle (peut-être l'est-il encore), je l'ai rencontrée à Paris, ou plutôt croisée. Mon copain était comme un fou de la voir. Et il y a quelques jours, dans une librairie, je vois ce livre et comme une évidence, je me dis qu'il faut que je le lise. J'essaie de me raisonner en me disant que je ne suis pas fan. Mais quelque chose de plus fort que ma raison m'a obligé à prendre ce livre, à aller le payer à la caisse et à le lire, d'urgence alors que j'ai déjà en route deux autres livres, Born To Run de Bruce Springsteen et le magnifique Sous Tibère du flamboyant Nick Tosches.
Dès les premières lignes je suis conquis, le style est là, la sincérité aussi. J'ai senti tout de suite que ce n'était pas une autobiographie comme les autres. D'ailleurs est-ce une autobiographie ? Mathilda May revient sur son enfance, entre sa mère suédoise et son père, l'auteur Victor Haïm, juif sépharade. Des origines complètement différentes. Elle désire changer de prénom à huit ans (son vraie prénom est Karin, qu'elle n'aimait pas). Elle revient sur ses années de danse, la discipline qui en découle et son premier rôle au cinéma, qu'elle cotoie par pur hasard. Jamais, elle ne se vante, j'ai fait ci, j'ai fait ça, bien au contraire, elle raconte sa timidité, sa mise en retrait volontaire, sa discipline. J'aime le style de l'écriture, volontaire et droit, sans fioriture.
Son César, son film de science-fiction (Lifeforce) qui fait d'elle une icône chez les geeks, ses fans, et ses rencontres. Particulièrement touchante quand elle raconte son amitié avec l'immense Yves Montand, avec lequel elle tourne Trois Places Pour Le 26 de Jacques Demy. Montand, qui lui parlait souvent de Simone Signoret, le grand amour de sa vie. Un passage plein d'émotion et de sensibilité.
Et évidemment, elle revient sur la musique. Qu'elle adore. Elle aime le funk, la soul, Marvin Gaye, Chic, Earth, Wind and Fire, Michael Jackson mais aussi la musique classique, Ravel, Bach en tête, et Prokofiev, Stravinsky. Elle nous fait part de ses regrets, Michel Blanc a écrit Marche à l'Ombre pour elle mais un autre tournage prévu, elle n'a pas pu faire le film et a été remplacé par Sophie Duez. Et ce long chapitre sur son idole musicale qui a changé sa vie : Prince. Sa rencontre, son amitié, les heures passées en studio à le regarder travailler (c'était un bourreau de travail), leurs fiestas, leurs appels téléphoniques. On se croirait au côté de Mathilda, la fan invétérée. Elle nous fait part d'autres sujets, comme la place de la femme dans le cinéma, de sa carrière, avec un oeil dur (elle dit qu'elle n'a pas fait de films "marquants".
Cliquez pour voir la vidéo de Mathilda May avec Marc Lavoine dans Taratata pour Couleur Café en 1993
Intéressant aussi quand elle parle de la place de l'homme dans la société et dans le cinéma, et surtout la place de la femme qui passée un certain âge ne trouve plus beaucoup de rôles. Ce que j'aime particulièrement, c'est le ton employé. Jamais de mise en avant, de "je suis une star", on a plutôt l'impression de discuter à une terrasse de café avec une amie, à la vie qui n'est pas banale, je vous l'accorde. On a mal à sa place quand elle relate sa dépression, avant son rebond avec Pascal Légitimus quand ils écrivent Plus Si Affinités. Un passage qui va rendre jalouses beaucoup de femmes, est le récit du tournage du Chacal avec Bruce Willis, très effacé parait-il, et celui comme elle décrit comme l'homme idéal, Richard Gere.
Elle revient plus longuement sur le triomphe d'Open Space, la pièce de théâtre qu'elle a créée, uniquement en utilisant des borborygmes. Elle garde précieusement les lettres écrites par Pierre Richard et Pierre Etaix la félicitant d'avoir osé. En fin de compte, on croit que les gens connus peuvent tout faire et tout oser et qu'ils ne connaissent pas le trac et le doute. Comme on se trompe. Ce récit le prouve, l'acteur, l'auteur, le danseur, le plus grand soit-il est plein de doutes, d'incertitudes, de perplexité face à la page blanche, la scène ou un nouveau projet.
Cliquez pour voir la bande annonce de Open Space
Bien plus qu'une autobiographie, Mathilda May se raconte, met son âme à nu et on la sent fébrile et tremblante à se raconter. En ce qui me concerne, je n'étais pas fan avant de lire V.O., maintenant je le suis. Mathilda May, je vous admire et la dernière fois que j'ai dit ça à quelqu'un c'était à votre amie Amanda Sthers.
Mathilda May a également écrit en 2007 un roman, Personne Ne Le Saura, mais c'est trop tard, car maintenant tout le monde saura qu'elle a du talent.
Seb sur El Camino, Caen 10 janvier 2018
Beau résumé mon bon Claude! égayé par les superbes clichés de notre JB.... ...
Elocin sur J'Ai Quelque Chose A Vous Dire
Excellent article. Ce serait bien d'en faire un également sur l'album...
Valou sur Entretien
Bonjour, Roberdam, un super chanteur, je l'ai connu il y a 1 an maintenant,...
Laurentprouff sur Communiqué (1979)
Super article, s'il y avait un seul album a emporter sur une ile déserte c...
Laurentp sur Bruce Springsteen - l'homme qui ne voulait pas (forcément) devenir star
La chanson écrite sur un bout de nappe en papier en 5 min, je crois que c'...
Laurent P. sur The River (1980)
L'album de tous les dangers qui devait marcher pour Bruce s'il ne voul...
le bancal sur Pavillon de Paris, 9 décembre 1979
bonjour - le vrai ac/dc - avec bon Scott (unique -irremplaçable ) -le concer...
davskull sur Entretien
HelloSuper reportage de Klink Clock,j'adore ce groupe et dès que je peux,j...
nikkisixx777 sur Les années 80
Extraordinaire de tomber sur un tel article : je suis allé à une bonne partie ...
Olivier sur Born in the USA (1984)
Magnifique chronique ! Toutes les félicitations de l'auteur du roman "Sur ...
Soyez le premier à laisser un commentaire !